LES FISTULES APRES INTERVENTION DE SLEEVE GASTRECTOMIE – TRES RARES – mais à dépister très rapidement pour assurer la guérison.
Quelle que soit la technique pratiquée, la qualité du chirurgien ou du robot, le matériel employé, une fistule peut toujours survenir dans les suites opératoires d’une Sleeve gastrectomie.
La section de l’estomac pour confectionner ce manchon (Sleeve en anglais) se fait toujours par agrafage de l’estomac à l’aide d’une pince automatique introduite par cœlioscopie.
Cette pince automatique (électrique à pile et à usage unique) est introduite par un des trocarts et successivement
- pince l’estomac
- pose 6 rangées d’agrafes
- sectionne l’estomac entre ces rangées d’agrafes sur environ 5 cm, on utilise ainsi 4 à 6 recharges d’agrafes pour sectionner tout l’estomac.
A la fin de l’intervention on obtient donc un manchon fermé latéralement par 3 rangées d’agrafes. Les bonnes pratiques conseillent de vérifier l’étanchéité de cette suture en injectant sous pression par la bouche un colorant (bleu de méthylène) qui gonfle le manchon et vérifie l’absence de fuite.
RISQUE :
- La cicatrisation de l’estomac comme au niveau de tous les tissus de l’organisme est un phénomène BIOLOGIQUE : les agrafes, la colle, les fils ne font que maintenir en contact les tissus qui ne peuvent cicatriser en quelques jours que par l’apport sanguin de facteurs de la cicatrisation.
- Au niveau de la partie haute de cette suture le manchon est mal vascularisé puisque toute sa partie gauche a été devascularisée par la section diminuant donc l’apport de ces facteurs. Les 2 faces du manchon ne cicatrisant pas laissent une ouverture (fistule) par où vont s’écouler les liquides gastriques salivaires et alimentaires extrêmement toxiques. Ces liquides sont mal tolérés par la cavité abdominale entraînant abcès, puis péritonite généralisée gravissime en l’absence de traitement adapté et rapide.
- Autres facteurs de risque : IMC supérieur à 50, SAS mal suivi, diabète et tabagisme.
PUISQUE LA PREVENTION EST IMPOSSIBLE : QUE FAIRE ?
Diagnostiquer le plus tôt possible la fistule qui survient en règle vers le 4e jour (extrêmes 2-20). Le patient opéré se rend immédiatement compte de la complication : douleurs abdominales, impossibilité de manger, fièvre et frissons, bref rien à voir avec de simples douleurs au niveau des cicatrices ou une simple fatigue.
Il faut absolument contacter votre chirurgien et être ré-hospitalisée. On pratique alors un scanner avec ingestion de produit de contraste par la bouche qui visualise la fistule et éventuellement un abcès débutant. La fistule est en général de petit calibre : quelques millimètres. Une antibiothérapie par voie intraveineuse est alors rapidement mise en route et au bout de quelques jours un gastro-entérologue spécialisé va introduire par la bouche un petit drain de quelques centimètres dans le trajet fistuleux entre l’abcès et le manchon de la Sleeve. L’abcès se vide ainsi spontanément dans le tube digestif. Trois semaines plus tard on retire, après un scanner de contrôle, toujours par fibroscopie, ce petit drain et tout rentre dans l’ordre sans ré-intervention.
Il y a des cas moins favorables en général dû à un retard de diagnostic de la fistule. Il faut alors en général réopérer le patient par cœlioscopie pour évacuer l’abcès. L’hospitalisation est longue et le drainage plus compliqué, pouvant nécessiter d’autres interventions, ponctions…